Tout d'abord Henri LALEVEE, comment êtes-vous venu à la peinture et quelles furent vos premières influences
Le dessin est le premier langage de l'enfant; pour certains cette communication graphique devient sans objet au cours des âges, pour d'autres au contraire elle se perpétue durant toute une vie, c'est ainsi que l'on est peintre d'abord spontanément à son insu et ensuite par vocation. Dès mes débuts, je fus marqué par l'exhaltation colorée de Matisse et la subtibilité sensorielle de Pierre BONNARD ; ainsi de 1950 à 1954, ma peinture est fauve, par certains accords de couleurs posés en aplats que cerne le plus souvent un réseau graphique. Peinture essentiellement bi-dimentionnelle, je rejette dès mes débuts la peinture miroir , créatrice de l'illusion d'une troisième dimension. La femme est très souvent le thème principal du tableau, c'est la seule période où le personnage entre dans mes compositions.
Ne vous reprochait-on pas votre peinture quelque peu anarchique ? Cette période fauve fut-elle de courte durée
Assez rapidement j'ai exploité les ressources de cette forme picturale plus spontanée qu'élaborée. Aux environs de 1955, par opposition, j'éprouve la nécessité de réaliser une peinture plus constructive ; madémarche évolue alors vers des compositions plus rigoureuses et suivant des lignes de force géométrique. Je traduis ainsi des paysages de lorraine en plans structurés ou des natures mortes fortements architecturées.
Influence Matissienne sur Henri Lalevée
De nombreux voyages effectués à travers les pays méditerranéens vont avoir une certaine influence sur votre esthétique. Comment avez-vous réagi au choc produit par ces qualités de lumière
Les nombreux voyages réalisés de 1964 à 1970 en provence , en espagne et en italiem'ont conduit à rechercher la double équation forme-couleur : d'abord par l'élaboration formelle des éléments du paysage organisés géométriquement que certains critiques ont assimilé au cubisme et ensuite par la recherche de la matière picturale exécutée à partir d'une framentation de la touche en multi-facettes.
En 1971 Henri lalevee, vous vous êtes totalement remis en question jusqu'alors tout en étant subjectif, avec le sujet vous étiez néanmoins figuratif, hors vous sautez le pas, on vous classe actuellement peintre abstrait. Comment expliquez-vous cette métamorphose
D'abord je n'aime pas le terme «ABSTRAIT», je préfère que l'on qualifie ma peinture de non imitative, quoique restant le plus souvent attaché à un point de départ issu du réel, je ne conserve que la structure essentielle des éléments naturalistes choisis (paysage, eau, arbres). Je suis également intéressé par le monde secret micro-organique, je scrute les coupes cellulaires au microscope afin d'y découvrir l'organisation rythmique des éléments ; de cette observation, je dégage des rythmes originaux et des harmonies nouvelles que je restitue sur la toile, autrement dit : macro-vision d'un monde bien réel mais très secret.
Henri lalevee, vous présentez un bilan d'un quart de siècle de travail, comment envisagez-vous la poursuite de votre œuvre et en conclusion estimez-vous que vous êtes enfin trouvé dans vos derniès recherches
Je pense qu'un artiste digne de ce nom ne se trouve jamais et c'est heureux, c'est toujours la toile à faire qui sera l'œuvre et on arrive ainsi à la dernière toile sans s'être jamais trouvé. Ce qui est important, c'est que seule doit rester vivace cette grande anxiété devant la toile blanche dont je ne peux me délivrer qu'en créant de nouvelles formes et de nouvelles harmonies. Les évolutions successives de mon art se développent, je l'espère, naturellement tout en restant intègre et honnête avec ma pensée créatrice, quelle que soit la direction choisie.
Les bandes sonores ont plus de 50 ans ce qui explique les défauts de cet enregistrement :
Ci-dessus Henri LALEVEE explique son art.
Ci-dessus Henri LALEVEE comme professeur.